OUVERTURE DU CONCOURS
(Extrait de L'Astronomie, septembre 1884).
Depuis plusieurs années, mais surtout depuis la fondation de notre Revue d'Astronomie populaire, nous avons reçu de toutes les parties du monde, et particulièrement de l'Amérique, un grand nombre de demandes et de projets de Réforme du Calendrier. Absorbé par des travaux incessants, nous n'avions pu donner jusqu'ici à cette étude l'attention qu'elle mérite. Mais aujourd'hui l'intérêt et l'urgence de cette réforme nous paraissent tellement incontestables, que nous n'hésitons pas à lui ouvrir les colonnes de notre Revue. À notre époque de progrès, aussi nombreux que rapides dans tous les genres, il est inconcevable que l'on ne se soit pas encore entendu, surtout chez les peuples les plus civilisés de l'Europe, de l'Asie et du Nouveau-Monde, pour améliorer, perfectionner et unifier les Calendriers, qui tous, sans exception, sont très défectueux. Nous faisons aujourd'hui un appel aux savants de tous les pays et à tous les Gouvernements, et nous espérons que cet appel sera entendu, comme celui qui a été fait ici même, il y a deux ans, pour l'adoption urgente d'un Méridien universel. Ces deux progrès se complètent l'un l'autre. Sans doute, l'homme a toujours été forcé de compter avec le Ciel pour le règlement du temps; mais le Soleil et la Lune, qui règlent nos Calendriers, doivent nous servir et non pas nous asservir. N'est-il pas temps que l'esprit humain prenne astronomiquement et géographiquement possession de notre planète, au lieu d'être aveuglément mené par elle?
Pour nous, à partir de ce jour, nous tiendrons haut et ferme le drapeau de la Réforme du Calendrier.
La nécessité d'une réforme définitive est aujourd'hui comprise de tout le monde. Il y a lieu d'examiner la question sous ses différentes faces, et d'apporter aux Calendriers actuellement en usage les corrections qui peuvent en faire un Calendrier général, perpétuel, et aussi parfait que possible. Ce grand sujet, d'un intérêt si universel, peut être mis au concours, et c'est là, sans contredit, le meilleur moyen de voir exposées les difficultés pratiques d'une réforme et les conditions dans lesquelles un tel projet pourrait être adopté sans grande secousse dans les usages reçus.
Nous venons de recevoir d'un homme bien compétent, mais qui nous recommande de ne divulguer ni son nom ni son pays, la somme de CINQ MILLE FRANCS, pour être décernée comme prix au meilleur projet de Réforme du Calendrier civil.
Le comité de rédaction de L'Astronomie ouvre donc un concours, à partir d'aujourd'hui, avec l'espérance que les savants qui se mettront à l’oeuvre donneront le jour à un projet simple, définitif et applicable à tous les peuples.
CAMILLE FLAMMARION.